Depuis plusieurs années les travailleurs togolais vivent une situation de pauvreté totale. Les populations togolaises, à part les jeunes sans emploi, évoluent soit dans la fonction publique ou dans le secteur privé, soit dans la zone franche ou dans le secteur agricole, soit dans l’économie informelle.

Les cris d’angoisse répétés des travailleurs et de leurs familles, face aux salaires dérisoires, aux arriérés de salaires et de pensions, les privatisations des sociétés d’Etat entraînant des licenciements abusifs, ont conduit à une léthargie de la masse salariale, et à la rupture du dialogue social. Certains syndicats sont muselés, d’autres, fortement politisés, tout comme certains milieux de travail. Les méfiances réciproques et les conflits de leadership ont conduit à un relâchement systématique des véritables actions de défense des intérêts des travailleurs, ainsi qu’à l’hypothèque de la promotion de leurs droits. Dans un tel contexte, il est extrêmement difficile d’envisager une action syndicale commune de grande envergure.

Le Togo étant indépendant depuis 1960, les Autorités Politiques, au lieu de centrer leurs actions sur le développement et la sauvegarde des droits économiques, sociaux et culturels des populations, s’intéressent et s’acharnent plutôt à la conquête et au maintien du pouvoir. Ils n’ont pas su créer aux travailleurs, un climat de paix, d’indépendance et d’autosuffisance, pouvant faire d’eux des citoyens libres, prêts à se prendre totalement en charge. Ainsi vivent-ils dans une misère qui ne dit pas son nom. L’inflation galopante des prix des produits de première nécessité et la dévaluation du franc CFA sans mesure d’accompagnement, accablent davantage les travailleurs togolais, étant donné que rien n’est jusqu’ici entrepris pour contrecarrer les dangers qu’engendrent ces fléaux.

Non seulement le code du travail n’est pas adapté aux conditions de vie des travailleurs, mais encore ; ceux-ci se trouvent dans une ignorance totale des droits relatifs au travail. C’est ainsi qu’on peut relever les caractéristiques suivantes dans la vie des travailleurs (euses) togolais :

  • Conditions de travail précaires ;
  • Salaires dérisoires incompatibles avec le travail abattu ;
  • Chômage des jeunes diplômés ;
  • Arriérés de plusieurs mois de salaire ;
  • Licenciements abusifs dus à la privatisation des sociétés d’Etat ;
  • Problèmes constants entre les couples, etc.

    Les travailleurs appartiennent soit à des syndicats proches de la sensibilité présidentielle, soit à des formations syndicales dites de l’opposition.

    Depuis 1990, les travailleurs n’ont plus d’interlocuteurs fiables pouvant prendre en charge leurs revendications. Ceci fait que leur droit de grèves est totalement bafoué, et rend très difficile une action commune syndicale de grande envergure.

    Au regard de tout cela, Chrétiens du Monde Travailleurs (CMT) et la Solidarité et Action pour le Développement Durable (SADD), en collaboration avec les acteurs de la société civile s’engagent à unir leur force en vue d’amener les travailleurs (euses) togolais à une prise de conscience généralisée de leur condition de vie et de travail, pouvant conduire à l’actualisation de leurs droits économiques, sociaux et culturels.

    Dans cette perspective, plusieurs rencontres ont été organisées : la première fut une journée de réflexion intervenue le 20 août 2004. Elle a réuni des organisations syndicales, des associations de défense des droits de l’homme et des acteurs de développement. Au cours de cette rencontre qui a marqué le début des démarches pour l’actualisation des droits économiques, sociaux et culturels des travailleurs togolais, une analyse des conditions de vie des travailleurs a été faite. Des alternatives possibles ont été proposées. L’organisation d’un forum social des travailleurs togolais a été décidée par l’ensemble des participants à ladite journée de réflexion. Ce sera une tribune au cours de laquelle les acteurs précités réfléchiront de façon solidaire avec les travailleurs, sur leur condition de vie et de travail, ce qui conduira à l’amélioration de leur situation.

    Le forum est intitulé : Forum Social des Travailleurs Togolais : Solidarités Sociales, et se tiendra du 13 au 16 décembre 2005.