Cahier de doléances présenté le 1er mai 2009
Par l’Intersyndicale des travailleurs du Togo (I.S.T.T.) -----
CGCT CNTT CSTT UGSL UNSIT
Le soleil centenaire du 1er Mai, Journée internationale de lutte des travailleurs, s’est levé, cette année encore, sur les conditions de vie des masses laborieuses de notre pays et, force est de le constater, le paysage qu’il éclaire n’est guère réjouissant : les travailleurs et les travailleuses du Togo ne sont pas au bout de leurs peines...
Certes, tant que le mode de production de la vie matérielle des êtres humains demeurera ce qu’il est, le 1er Mai, parmi les nations, sera toujours, pour l’essentiel, dans le droit fil des Journées internationales de lutte des travailleurs, inaugurées, il y a plus de cent ans, par la tragédie de Haymarket Square, à Chicago.
Aujourd’hui, à travers le monde, les doléances des travailleurs, producteurs de la richesse des nations, sont légion, exacerbées par les tensions d’une crise mondiale engendrée par les égoïsmes irresponsables des zélateurs du profit capitaliste. Hélas, les travailleurs le savent : ce ne sont pas les solutions prônées et mises en œuvre par les Etats qui donnent le ton à la planète, les clubistes du G20, qui vont geler la débâcle et faire même reluire le lustre douteux des dites « 30 glorieuses » !.. Quoi qu’il en soit, l’histoire est en marche, inéluctablement, et nous verrons bien si la période ouverte par les bouleversements qui ébranlèrent le monde et engendrèrent, dans l’urgence, il y a 90 ans, la création de la Société des nations, la défunte SDN, et l’OIT, l’Organisation internationale du travail, nous verrons bien si cette période est close…
Mais laissons là, si vous le permettez, Excellence, ce que certains qualifieront, péjorativement, de : « philosophie de l’Histoire »… Ce qui est sûr, en revanche, c’est que, dans le contexte de l’économie hélas mondialisée, en crise, la récession va s’étendre et si, en paraphrasant le fabuliste, ils ne mourront pas tous, tous seront frappés !
C’est pourquoi, les gouvernements, surtout ceux d’Afrique dont les pays sont, peu ou prou, depuis longtemps, « pauvres très endettés » (PPTE) et même « pauvres en grande difficulté » (LICUS), les gouvernements doivent prendre, d’urgence, les dispositions qui s’imposent, mettre en œuvre des politiques volontaristes audacieuses, pour sauver la situation et préserver, autant que faire se peut, les travailleurs et les populations des effets dévastateurs d’une crise qui ne peut qu’accentuer leur dramatique dénuement.
…………………..
Il n’est pas de la coutume intrinsèque des travailleurs et des travailleuses de notre pays de se voiler, résolument et obstinément, la face pour nier, en l’occurrence, les efforts que le gouvernement déploie pour tenter d’améliorer le quotidien des Togolais, même, même s’ils en jugent mitigés les résultats, et trop étirés dans le temps. Mais, mais, nous en convenons tous, il reste beaucoup, les travailleurs traduiront : il reste trop à faire, la situation se dégrade, la vie chère poursuit ses ravages...
C’est pourquoi, les Organisations de défense des intérêts matériels et moraux, individuels et collectifs des travailleurs, particulièrement celles regroupées au sein de l’ISTT, sacrifiant une fois de plus à la tradition séculaire des Cahiers de doléances, présentent, au nom de tous les travailleurs et travailleuses, actif(ve)s comme à la retraite, les revendications urgentes ci-après :
1. La révision immédiate de la grille indiciaire.
2. Le relèvement du SMIG et du SMAG, à partir de l’étude effective du « panier de la ménagère ».
3. Le paiement de leurs allocations familiales aux « Agents permanents ».
4. Le paiement des arriérés de salaires des travailleurs de l’ICAT, de l’ITRA et des enseignants auxiliaires concernés.
5. L’arrêt immédiat des licenciements, qui engendrent dans les familles des drames sans nom et condamnent des dizaines de milliers de citoyens togolais à la pire des précarités et à la déchéance ; le redéploiement des travailleurs déjà victimes de licenciements.
6. La résolution diligente des problèmes liés à la fermeture des sociétés d’Etat en cessation d’activités et le paiement de leurs droits aux travailleurs, conformément à l’engagement n° 118 du Protocole d’Accord du Dialogue social : OPAT, Hôtel de la Paix, Hôtel du 2 Février, Togopharma, Togotex, SNI etc.
7. Le paiement des arriérés d’allocations de départ à la retraite aux ayants droit et la reprise générale du paiement des dites allocations, conformément aux dispositions des Etats-généraux de l’Administration publique (EGAP).
8. L’application effective aux travailleurs du secteur parapublic et aux travailleurs de l’Enseignement privé confessionnel catholique, des augmentations de salaire de 5 et 3% appliquées aux salaires dans le secteur public, respectivement en janvier 2007 et janvier 2008, et ce, en attendant les négociations collectives dans ces secteurs.
9. L’accélération du processus de décision relative à la prise en charge systématique des accouchements par césarienne pratiqués dans les hôpitaux publics.
10. L’accélération du processus de règlement des problèmes de la Caisse de retraites complémentaires des cadres (CRCC).
11. Le relèvement des pensions de retraite de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
12. Le renforcement du contrôle effectif des prix et la baisse significative du prix des produits de 1ère nécessité comme mesures participant d’une politique de lutte contre la vie chère.
13. Le démarrage effectif des travaux de la commission mixte de réflexion sur la vie chère, présidée par son Excellence M. le premier ministre, dont un document émanant de la Primature et daté du 22 mai 2008, affirme qu’elle a été mise « en place le 05 mai 2008 ».
14. Le rétablissement en la forme du système de couverture santé des agents de l’Etat et l’annulation de la Note d’information du directeur du CHU-Tokoin, en date du 23 octobre 2008, exigeant le paiement immédiat de 50% du montant des frais hospitaliers.
15. La révision à la baisse du taux de dédouanement des véhicules privés.
16. L’élargissement aux locaux des centrales syndicales de travailleurs des lieux de tenue de l’évaluation formative des apprentis, en vue de la délivrance d’un quitus.
17. La résolution définitive du problème récurrent des délestages dans la fourniture de l’énergie électrique, alors que les factures de nombreux ménages sont en constante augmentation.
18. L’extension du réseau d’adduction d’eau, en vue de faire face à la poussée démographique et à l’insuffisance de la fourniture d’eau dans les quartiers de Lomé et de ses environs.
19. La prise de mesures appropriées pour faire cesser la concurrence déloyale, pratiquée couramment par des commerçants libanais, indopakistanais et autres, pratique qui expose les commerçants nationaux à la ruine et participe à la dépression de l’économie du pays.
Fait à Lomé, le 1er Mai 2009